Mucoviscidose, myopathie de Duchenne, syndrome de Marfan, trisomie 21, …

On recense à l’heure actuelle plus de 7000 maladies génétiques parmi lesquelles on retrouve aussi bien des affections bénignes voire faiblement handicapantes comme le daltonisme, que des affections extrêmement graves. Toutes s’expliquent par une anomalie présente au niveau d’un gène ou d’un chromosome du patient.

La plupart d’entre elles sont rares et peu connues du grand public mais également des professionnels de la santé car difficiles à diagnostiquer. Une maladie est dite rare lorsqu’elle touche moins d’1 personne sur 2000 dans la population. Certaines, dites « ultra-rares » touchent moins d’1 européen sur 50.000.

80% d’entre elles sont effectivement d’origine génétique mais une maladie rare peut également être causée par des infections, des allergies ou d’autres facteurs extérieurs.

Une maladie génétique n’est pas contagieuse. On ne peut aucunement la transmettre par contact ou par l’air comme on le ferait avec une grippe. La seule transmission possible est la transmission héréditaire, par les gamètes (ovules ou spermatozoïdes) de l’individu. Cependant toutes les maladies génétiques ne sont pas héréditaires.

Les maladies génétiques

  • 4000 nouveaux cas par an en Belgique
  • 35 millions de patients en Europe
  • 5000 maladies sévères, chroniques et complexes
  • 80%des maladies rares sont des maladies génétiques.

Quelques exemples de maladies rares 'fréquentes' et 'moins fréquentes'

MaladieFréquence
Spina bifida 1/2.000
Maladie de Menière 1/2.353
Neurofibromatose de type I 1/4.348
Syndrome de Brugada 1/5.000
Mucoviscidose 1/7.937
Maladie de Huntington 1/14.286
MaladieFréquence
Phénylcétonurie 1/16.667
Dystrophie myotonique de Steinert 1/22.222
Maladie de Creutzfeldt-Jacob 1/1.000.000
Progéria 1/20.000.000
Syndrome de Pitt-Hopkins 50 patients dans le monde

L’ADN, la clé pour comprendre les maladies génétiques

Cellule-Chromosome

A l’instar d’un mur constitué de briques, le corps humain est constitué de milliards de cellules* qui toutes (à quelques exceptions près), possèdent un noyau contenant notre ADN (Acide DésoxyriboNucléique). Cet ADN est une longue molécule chimique répartie en 23 paires de chromosomes qui renferme toute notre information génétique.

Cette information est divisée en chapitres : ce sont nos gènes. L’être humain possède environ 20.000 gènes. Il s’agit en quelque sorte de « recettes de cuisine» détaillées qui permettent à nos cellules de produire tout ce dont notre corps a besoin pour vivre. Grâce à ces gènes nous synthétisons au quotidien ce qui permet par exemple à notre système digestif d’assimiler tout ce que nous mangeons ou à notre système immunitaire de nous défendre contre les microbes. (*70.000 milliards de cellules).

Mais il arrive qu’une « recette de cuisine» comporte une erreur, une anomalie, qui entraîne de graves dysfonctionnements. C’est ainsi que commence une maladie génétique.

Si l’anomalie se situe dans un gène, on parle de mutation. C’est le cas par exemple de la mucoviscidose où le gène CFTR, responsable de la fabrication d’une protéine, est muté. Ce qui entraîne la production d’une protéine non fonctionnelle avec de lourdes conséquences sur la santé. Dans le cas de la mucoviscidose, un seul gène est atteint et responsable de la maladie, on parle alors de maladie « monogénique ». Mais il existe aussi des maladies « polygéniques » causées par l’atteinte de plusieurs gènes en même temps.

Si l’anomalie concerne un chromosome entier, ou un large fragment de chromosome contenant plusieurs gènes, on parle d’anomalie chromosomique. Dans le cas du Syndrome de Down, il résulte de la trisomie 21, c'est-à-dire de la présence dans les cellules du patient d’un chromosome supplémentaire : au lieu d’avoir une paire de chromosome 21, le sujet atteint en présente 3 exemplaires. D’autres maladies peuvent également résulter d’un chromosome, ou d’un morceau de chromosome, manquant.

Plusieurs types de transmission

Notre génome – c'est-à-dire l’ensemble de notre matériel génétique – est constitué de 23 paires de chromosomes. Le génome constitue le programme de fonctionnement du corps et contient 20000 « recettes de cuisine » appelés gènes.

22 paires sont appelées « autosomes ». Dans ces paires, une copie du chromosome est transmise par la maman et l’autre par le papa. La 23e paire est en fait la paire de chromosomes dits « sexuels ». Ce sont eux qui déterminent le sexe de l’enfant. XX pour une fille et XY pour un garçon. Là aussi, un chromosome X de la paire est transmis par la maman et l’autre chromosome, X ou Y, est transmis par le papa.

Nous possédons donc 2 copies de chacun de nos gènes ; l’une d’origine paternelle et l’autre d’origine maternelle. Ces 2 versions peuvent porter une information différente l’une de l’autre. La combinatoire des 23 paires est immense, ce qui explique que nous soyons tous différents, sauf les jumeaux monozygotiques dont le génome est presque identique. Le nom scientifique de chaque copie est « allèle », et on dit que les allèles sont polymorphes, c'est-à-dire qu’il y a de nombreuses versions différentes de chaque allèle, un peu comme les différentes couleurs et options d’un modèle de voitures.

De cette constatation découle également les différents types de transmission d’une maladie génétique. Les types de transmissions, ou modes héréditaires, sont dits « mendeliens », car ils ont été décrits par le savant Mendel au milieu du 19e siècle.

caryotype-humain-garcon

1. Les maladies autosomiques

Comme leur nom l’indique, ces maladies touchent les autosomes et peuvent être de deux types :

Autosomique récessive

Les 2 allèles au niveau des 2 chromosomes de la paire doivent dans ce cas être porteurs d’une anomalie pour que la maladie se développe chez l’enfant. Chacun des parents ayant dans ce cas transmis 1 allèle anormal (muté) à son enfant. C’est le cas par exemple de la mucoviscidose ou de la drépanocytose. Le caractère récessif d’une maladie explique aussi pourquoi certaines personnes peuvent être porteuses d’une mutation génétique responsable d’une maladie sans pour autant être malade. L’un de leur allèle est anormal mais le second allèle qui est sain va compenser l’effet de l'allèle défectueux. Ces personnes sont dites « porteurs sains », ou hétérozygotes sains, et ne sont pas malades mais peuvent transmettre l'allèle défectueux à leurs enfants. En fait, nous sommes tous porteurs sains d’au moins une maladie autosomique récessive rare : il est normal de porter au moins 1 allèle récessif anormal.
Trans-Autosomique-recessive
Trans-Autosomique-dominant

Autosomique dominante

Dans ce cas-ci, 1 seul allèle, au niveau d’1 seul chromosome de la paire, est porteur de l’anomalie et suffit pour que la maladie se développe chez l’enfant. L'allèle « malade » est dominant par rapport au second allèle homologue qui peut être sain. C’est le cas par exemple de la chorée de Huntington.

2. Les maladies liées au chromosome X

Ces maladies sont dues à la mutation d'un gène présent sur le chromosome sexuel X :

cartotype-humain

Pour la plupart, les maladies liées à l’X sont récessives. Très rarement, elles peuvent se transmettre selon le mode dominant. Le chromosome X contient plusieurs gènes importants pour la croissance et le développement. Le chromosome Y qui est son chromosome homologue uniquement chez les garçons, est quant à lui beaucoup plus court et porteur de moins de gènes. Ces maladies touchent dès lors préférentiellement ou plus sévèrement les garçons car chez eux, si l’un des gènes est muté sur le chromosome X, il n’y aura pas de copie saine pour le compenser sur le chromosome Y. La maladie se développera.

Chez les filles, l'allèle sur le second chromosome X, s’il est sain, permettra de compenser l’effet de la copie défectueuse du premier chromosome; évitant ainsi le développement de la maladie ou la rendant moins sévère.

Les femmes peuvent donc être porteuses saines de ces anomalies liées à l’X. Elles ne seront pas malades mais susceptibles de transmettre la mutation à leurs enfants et d’avoir un garçon atteint.

Le daltonisme, la myopathie de Duchenne ou encore l’hémophilie sont des exemples de maladies liées à l’X.

Pas toutes héréditaires

Certaines maladies génétiques sont "acquises". Contrairement aux maladies autosomiques récessives, autosomiques dominantes ou liées à l’X, elles ne sont pas nécessairement héréditaires. C’est le cas par exemple de la plupart des cancers. La mutation responsable de la formation d’un cancer survient au cours de la vie d'un individu, ne concerne que quelques cellules au sein de son organisme, n'a pas été hérité et n'est pas transmissible puisque ses gamètes ne sont pas atteintes par la maladie.

C’est aussi le cas des maladies liées à une anomalie génétique survenue de façon accidentelle lors de la fabrication des gamètes. Le parent transmet alors une mutation à son enfant dont il n’est lui-même pas porteur. L’enfant par contre la transmettra de manière héréditaire à ses descendants étant donné que la mutation sera présente dans toutes ses cellules, y compris ses propres gamètes. C’est le cas par exemple du nanisme achondroplase.

Enfin, de nombreuses maladies comme le diabète de type 2 ou la maladie de Crohn ont une base génétique qui résulte de la présence simultanée chez un sujet d’anomalies indépendantes de nombreux gènes différents. Comme ces gènes ne sont pas systématiquement transmis ensemble à la descendance, ces maladies ne présentent pas une hérédité mendélienne et sont de fait très peu héréditaires.

Différents symptômes, différents âges de début

De nombreuses maladies génétiques se manifestent dès la naissance ou la petite enfance comme la mucoviscidose ou l’ostéogenèse imparfaite (maladie des os de verre). D’autres par contre, vont se manifester tardivement. Le patient vivra alors une partie de sa vie de manière asymptomatique. C’est le cas par exemple de la maladie de Charcot Marie Tooth ou encore de la Chorée de Huntington dont les atteintes neurologiques commencent à se manifester vers 50 ans.

Ce qui rend également le diagnostic difficile à établir, c’est qu’une maladie génétique peut s’exprimer de manière différente. Avec des symptômes différents même au sein d’une même famille et avec des symptômes qui peuvent également varier au cours de la vie. C’est ce que l’on appelle une « expressivité variable » de la maladie.

 

Nous ne sommes pas « que » génétiques

Une anomalie génétique n’aboutit pas toujours à une maladie. Si dans certains cas, la présence d’une mutation dans un gène est déterminante dans le risque de développer la maladie, dans d’autres cas, les facteurs environnementaux comme l’alimentation, le tabac, les habitudes de vie, peuvent jouer un rôle tout aussi important voire prédominant.Certaines mutations encore passent totalement inaperçues. D’autres peuvent même présenter un certain avantage. Dans ces deux cas, les mutations font simplement partie de la variabilité génétique compatible avec la vie et l’évolution des espèces.L’hérédité n’est pas quelque chose de figé. Certains de nos caractères héréditaires sont grandement influencés par notre environnement. Ce qui explique que même de vrais jumeaux peuvent présenter quelques différences physiques ou physiologiques. Leurs gènes définiront par exemple leur gabarit mais c’est leur alimentation qui affectera leur poids, leur croissance, leur taille, …

La recherche et les traitements

Les maladies génétiques sont, par nature, fort complexes à soigner. Il n’existe pas de médicament capable de réparer un gène défectueux or seule cette réparation, dans toutes les cellules concernées, permettrait une véritable guérison. Cela dit, il existe des solutions, des moyens détournés pour compenser l’effet délétère d’un gène défectueux.

Tout d’abord on peut traiter les symptômes. Même s’il ne s’agit pas d’une guérison, traiter les symptômes permet d’améliorer grandement la qualité de vie des patients. Et des médicaments pour traiter les symptômes, la médecine n’en manque pas.

Ensuite, la recherche avance à grands pas pour mettre au point ce que l’on appelle des « gènes médicaments ». L’idée est d’apporter dans les cellules malades, une copie saine du gène défectueux afin que la cellule se mette également à produire les bonnes protéines, en quantité suffisante, pour contrecarrer l’effet pathogène des protéines malades. Plusieurs essais cliniques très encourageants sont déjà en cours dans de nombreux hôpitaux dans le monde pour plusieurs maladies génétiques innées. Ces études sont longues et coûteuses mais elles permettront certainement de trouver les médicaments de demain. En Europe, un registre rend publiques toutes les études cliniques en cours. Pour consulter ce registre, cliquez ici.

Dans le cas de maladies génétiques acquises comme les cancers, là aussi la recherche évolue rapidement. Il est aujourd’hui possible de lire la séquence génétique d’une cellule tumorale afin de choisir des médicaments plus ciblés, dont l’efficacité est démontrée et qui entraîne beaucoup moins d’effets secondaires que les thérapies classiques.

Enfin, concernant les maladies dites « orphelines », les choses sont également en train de changer. Trop rares pour intéresser les laboratoires pharmaceutiques, laissant les patients et leur famille « orphelins » d’un traitement, l’Union Européenne a adopté un « Plan Maladies Rares » pour que cela change.

Début 2014, la Belgique a développé son "Plan belge pour les Maladies Rares". Celui-ci s’articule en 20 points d’actions répartis dans 4 domaines qui sont actuellement en cours de réalisation. Ce Plan a pour objectif de maintenir la qualité de vie des patients atteints d’une maladie rare et d’améliorer les connaissances, les informations et la sensibilisation sur ces maladies.

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